La psychomotricité est une discipline du soin qui aborde l’individu dans sa globalité. Elle se situe à la croisée du corps, de la pensée et des émotions. Ni médecine, ni psychologie au sens strict, elle propose une approche singulière qui met le mouvement au cœur de la relation thérapeutique.
Pratiquée par des professionnels formés à la fois aux sciences humaines, médicales et corporelles, la psychomotricité s’intéresse à la manière dont une personne vit son corps, occupe l’espace, perçoit son environnement et entre en relation avec l’autre. Elle intervient à tous les âges de la vie, dans une visée de soin, de soutien ou de prévention.
La psychomotricité est une profession paramédicale réglementée en France depuis 1985. Elle nécessite l’obtention d’un diplôme d’État après trois années de formation en institut. Le psychomotricien intervient sur prescription médicale, souvent dans le cadre de troubles du développement, de pathologies neurologiques, de difficultés relationnelles ou émotionnelles.
Son rôle est d’évaluer les fonctions psychomotrices de la personne : tonus, équilibre, schéma corporel, coordination, organisation spatiale et temporelle, perception, expression motrice, etc. À partir de cette évaluation, il met en place un projet thérapeutique adapté.
La particularité de la psychomotricité est d’utiliser le corps comme médiateur. Le travail thérapeutique ne passe pas nécessairement par la parole, mais par l’action, le jeu, la détente, l’expérience sensorielle ou le mouvement rythmé.
Ce choix n’est pas anodin : certaines difficultés psychiques ou développementales se manifestent d’abord par le corps. Un enfant agité, un adulte anxieux, une personne âgée qui chute régulièrement : tous expriment à leur manière un déséquilibre entre corps et esprit.
L’espace psychomoteur devient alors un lieu d’exploration sécurisée, un terrain de jeu, un laboratoire du geste. Le psychomotricien y guide, observe, relance, soutient. Il n’impose rien, mais crée les conditions d’un changement.
Selon les besoins de la personne, le psychomotricien peut proposer différentes médiations : relaxation, jeux moteurs, parcours psychomoteurs, rythmes, danse, expression corporelle, graphomotricité, activités de coordination, travail autour du souffle, etc.
Chaque médiation est choisie avec soin. Elle permet de travailler sur des objectifs précis : améliorer la perception de son corps, canaliser une agitation, restaurer la confiance en soi, apaiser une angoisse, développer les capacités d’attention, stimuler une motricité déficiente…
Mais au-delà de ces objectifs, c’est la relation qui soigne. Le regard du thérapeute, sa capacité à s’adapter, à créer du lien, à reconnaître le patient dans sa singularité, sont au cœur de la démarche.
La psychomotricité peut concerner toutes les tranches d’âge. Chaque période de la vie comporte des enjeux corporels spécifiques, et la psychomotricité s’y adapte.
Chez l’enfant, elle intervient en cas de troubles du développement moteur, de retard de coordination, de troubles de l’attention, d’agitation excessive, d’angoisses somatisées, de troubles du spectre autistique ou de difficultés scolaires liées au graphisme ou à la concentration.
Chez l’adolescent, elle peut accompagner les troubles de l’image du corps, les troubles anxieux, les problématiques identitaires, les phobies ou les difficultés d’adaptation.
Chez l’adulte, elle intervient en cas de souffrances psychiques, de maladies neurologiques, de troubles somatoformes ou dans le cadre de prises en charge institutionnelles.
Chez la personne âgée, elle vise le maintien de l’autonomie, la prévention des chutes, la stimulation cognitive, la gestion des angoisses corporelles et la préservation du lien social.
Avant de débuter un suivi, le psychomotricien réalise un bilan psychomoteur. Il s’agit d’une évaluation structurée et individualisée qui permet de comprendre le fonctionnement corporel de la personne dans ses différentes dimensions.
Ce bilan ne se limite pas à des tests. Il prend en compte l’observation clinique, les échanges avec le patient, les entretiens avec les familles ou les équipes, et l’analyse des interactions. Il permet de poser un regard global, non stigmatisant, respectueux de la complexité de l’individu.
À partir de cette évaluation, un projet thérapeutique est élaboré, discuté, ajusté. La durée du suivi peut varier selon les besoins : de quelques séances à un travail de longue haleine.
La psychomotricité travaille souvent en lien avec d’autres disciplines. Elle s’inscrit dans une approche pluridisciplinaire et transversale du soin. Elle collabore régulièrement avec les médecins, les psychologues, les orthophonistes, les ergothérapeutes, les éducateurs spécialisés ou les enseignants.
Cette transversalité enrichit les regards et favorise une meilleure compréhension des problématiques rencontrées. Elle permet aussi d’adapter les prises en charge, de poser des indications fines, et d’ajuster les médiations selon les évolutions du patient.
Dans une société de plus en plus rapide, où les écrans, le stress et la performance pèsent sur les corps et les esprits, la psychomotricité offre un temps de ralentissement, de reconnexion à soi.
Elle redonne une place au corps vécu, au mouvement spontané, au silence parfois, à l’émotion contenue. Elle réhabilite des gestes simples : marcher, respirer, toucher, jouer. Elle restaure la capacité d’être présent à soi-même.
C’est pourquoi la psychomotricité a toute sa place dans les institutions de soin, les crèches, les écoles, les structures médico-sociales, mais aussi dans les démarches de prévention, de bien-être, et de soutien aux aidants.
La psychomotricité n’apporte pas de solutions toutes faites. Elle propose un espace, un cadre, une disponibilité. Elle invite à écouter autrement, à bouger autrement, à se relier autrement.
Elle considère que le soin commence par la reconnaissance de la personne dans sa globalité. Elle s’adresse au vivant, au sensible, au mouvant. Elle ne cherche pas à normaliser, mais à permettre.
Dans un monde fragmenté, elle tisse des liens. Entre le dedans et le dehors, entre le geste et la parole, entre le patient et lui-même. Et c’est là sa force thérapeutique.
Le mouvement comme langage, la science en partage !